Les menaces affectant la survie de l'hémione de Mongolie

D'après les recherches conduites par d'autres équipes auparavant (ce qui fut aussi confirmé par les témoignages recueillis et les observations conduites lors des recherches qui furent conduites depuis l'été 2008 par notre équipe) les principales menaces affectant actuellement la survie du Khulan sont:

Braconnage

Un braconnage et un trafic illégal de cette sous-espèce pour sa viande et sa peau et l'utilisation de certains organes dans la médecine traditionnelle (médecine traditionnelle: selon les informations récoltées par A-C Souris et son équipe depuis 2006). Cependant, bien qu'encore existant, le braconnage semble être actuellement moins fréquent. 

Augmentation du nombre de bétail

Dans le Gobi, 99% de l’habitat est utilisé comme pâtures par le bétail. Dans de tels habitats un pastoralisme rentable n’est possible que par de longues distances de transhumance. Les éleveurs semi nomadiques doivent donc avoir accès à de larges étendues de terres, dont les aires protégées. Or, suite aux changements politiques intervenus au début des années 1990, les populations urbaines ont été forcées à revenir vers une vie nomadique, ce qui a engendré une augmentation très importante du nombre d’hommes et de têtes de bétail dans beaucoup de régions rurales (Ferdandez-Gimenez, 1999; Bedunah and Schmidt, 2004; Mearns, 2004). Cette augmentation importante du nombre de bétail entraîne une compétition croissante entre espèces sauvages et domestiques pour l’accès aux points d’eau et pâtures.

 

D'après les observations conduites par notre équipe, il apparaît que la présence du bétail domestique aux points d'eau interfère avec l'accès des Khulans à cette ressource vitale.

 

Perte et dégradation de l'habitat

Dans le désert de Gobi l’eau est une ressource critique pour les hommes, leur bétail et la faune sauvage, mais celle-ci est malheureusement extrêmement rare et très dispersée. Dans une région comme celle-ci, l’eau apparaît comme étant un point clé pour la conservation des Equidés sauvages. Si l’accès à l’eau peut être sécurisé cela permet aux femelles d’assurer un soin optimal à leur progéniture sans de fortes dépenses d’énergie pour la mère, avant et après la mise bas.

 

La majorité de l’eau nécessaire aux hommes et au bétail peut être obtenue à partir de petits puits manuels. Mais, depuis les années 1990, la majorité des puits mécaniques construits sous l’ère collective sont tombés en délabrement. Les éleveurs et leur bétail se trouvent donc obligés d’utiliser les points d’eau naturels, également utilisés par la faune sauvage dont les khulans. Les hémiones s'abreuvent préférentiellement au niveau des points d’eau naturels ou de trous qu’ils creusent eux-mêmes au niveau des lits des rivières asséchées.

Fragmentation de l'habitat

Au cours des dernières années, de nombreuses routes et voies ferrées ont été construites afin de relier les mines à la frontière chinoise qui se trouve à proximité.  Ces routes et voies ferrées fragmentent l’habitat du Khulan ainsi que des gazelles à queue noire de Mongolie (Gazelle subgutturosa), et les nombreux véhicules qui y circulent perturbent fortement cette faune sauvage. De nombreux points d’eau observés cet été dans cette province étaient entourés de routes situées pour la grande majorité à moins de 1 km du point d’eau avec une circulation de véhicules relativement fréquente de jour comme de nuit aussi, perturbant ainsi la faune sauvage pour accéder à l’eau.

 

Cette exploitation importante des richesses naturelles a poussé depuis ces dernières années la population du Khulan du sud vers l'est (même phénomène avec la population de la gazelle à queue noire de Mongolie). La migration de ces espèces est actuellement limitée par la présence de la voie ferrée reliant Pékin à Ulaanbaatar. Les déplacements de ces deux espèces se trouvent ainsi limités, et concentrés dans le sud-est. La construction récente de nouvelles voies ferrées et routes longées de barbelés et ne contenant pas (ou très peu) de voies de passages adaptés pour la faune sauvage, risque de poser un nouveau problème pour le déplacement des espèces sauvages nomadiques et migratrices du désert de Gobi, telles que le khulan et la gazelle à queue noire. 

 

 

 

 

 

D’après les interviews qui ont été conduits par Anne-Camille SOURIS (responsable du projet pour la conservation du Khulan) entre 2006 et 2010, il apparaît que traditionnellement la population de nomades Mongols voit le Khulan comme un animal honoré dans la culture Mongole. La grande majorité de la population et des éleveurs pensent que le Khulan doit être protégé afin d’éviter son extinction à l’état sauvage. Mais, les pertes massives en bétail intervenues au cours des hivers extrêmement rudes survenus ces dernières années ont conduits à une augmentation du braconnage du Khulan pour sa viande.

 

D'autre part, les éleveurs considèrent cet animal comme le principal compétiteur avec leur bétail pour l'accès aux ressources vitales: eau et pâtures, ce qui a entraîné l'augmentation de la pression de la population locale sur le gouvernement pour accorder la réduction des effectifs de cette espèce et lui retirer son statut d'espèce protégée.